Lorsque j’ai débuté la facilitation graphique et les sketchnotes, je me suis vite heurtée à une difficulté : dessiner les personnages. J’aimerais donc vous présenter une série d’articles où je partagerai tout ce que j’ai pu apprendre à ce sujet. Ce premier article abordera ma réflexion vis-à-vis de l’utilisation et de la représentation des personnages.
Est-ce vraiment utile ?
Lorsque j’ai réalisé que je n’arrivais pas à dessiner un personnage aussi facilement qu’un pictogramme, mon premier réflexe a été la fuite : mes sketchnotes n’auront pas de personnages, tant pis !
Pourtant, contrairement à un simple picto, un personnage représente quelque chose de vivant. Et c’est là tout son avantage car c’est lui qui donne vie au sketchnote. Notre monde est rempli d’être humains, d’interactions, d’émotions, c’est ce qui nous parle le plus en fait. Il serait dommage de ne pas les inclure dans nos réalisations.
Sans être une obligation, un personnage me paraît donc être un véritable plus dans un sketchnote. Après avoir réalisé que je ne pouvais fuir les personnages indéfiniment, j’ai décidé de m’y mettre, non sans difficultés !
Je vais donc vous parler des principaux éléments qui ont pu me poser problème et ce que j’ai trouvé pour m’en sortir !
(Et pour ceux qui auraient la flemme de tout lire, vous pouvez aller directement à la conclusion, un sketchnote y résume tout !)
Mes apprentissages
1. Trop de possibilités
Lorsque j’ai commencé à apprendre à dessiner des personnage grâce aux livres et à certaines formations en ligne, j’ai souvent fait face à 2 émotions contradictoires. J’ai d’abord été rassurée car, effectivement, dessiner un personnage n’est pas si difficile, un simple bonhomme allumettes suffit !
Mais je me suis aussi retrouvée perdue. Car on nous explique souvent qu’il y a plein de manières de dessiner un personnage et que l’important, c’est de trouver son style. Mais une fois que j’ai fini de m’entraîner à dessiner une multitude de personnages différents, comment savoir lequel utiliser en sketchnote ? Réaliste ou non ? Détaillé ou non ? Bonhomme allumette ? Bonhomme étoile ? Tête ronde ou ovale ? Vêtements ou non ?
Bref, j’ai toujours une multitude de questions et cela ne m’aide pas à m’y mettre !
Maintenant, avant d’effectuer une réalisation, je commence par me poser une série de questions qui vont m’aider à définir les personnages que je veux représenter.
- De quel type de personnages vais-je avoir besoin ?
S’il s’agit d’un groupe de personnes, je ne vais pas avoir besoin de détails.
S’il y a un ou plusieurs personnages récurrents, alors je vais devoir ajouter un minimum de détail pour qu’on puisse les identifier.
Si les émotions des personnages prennent une grande place dans l’histoire, alors je sais que je vais devoir m’appliquer sur les détails du visage et de la posture.
- Combien de temps ai-je à ma disposition ?
S’il s’agit d’un sketchnote en temps réel par exemple, je ne vais pas forcément avoir beaucoup de temps pour réaliser un personnage en détail (tout dépend de votre rapidité d’exécution bien sûr !)
Si la réalisation est en différé, je peux alors prendre plus de temps pour faire un personnage plus détaillé !
- Quel est l’espace et les outils dont je dispose ?
Dessiner sur une feuille A5 ou sur une fresque murale fait toute la différence. Selon la taille du personnage et le marqueur utilisé, le niveau de détail sera forcément différent !
2. Trouver son style
Comme je l’ai dit précédemment, on m’a souvent expliqué que l’important est de trouver son style de personnage. Celui qui nous correspondra et qui nous mettra à l’aise pour dessiner. Mais comment faire ? Je n’ai malheureusement pas de recette miracle pour cela ! Pour moi, trouver son style repose dans l’expérimentation : j’essaie différents types de personnages, je les mixe, j’ajoute des détails, j’en enlève et je commence à ressentir petit à petit le personnage que j’aime dessiner.
Mais cela n’est pas toujours simple, lorsque je me mets à dessiner, j’ai parfois l’impression de n’avoir aucune imagination ni créativité ! J’aime donc aller voir ce que réalisent les autres, cela me permet d’avoir un aperçu de tout ce qu’il est possible de faire et de mieux comprendre ce que je pourrais avoir envie de réaliser.
Lorsque je vois un dessin de personnage que j’aime bien, je prends le temps de l’observer pour comprendre ce qui me plaît exactement et voir si je pourrais potentiellement le réutiliser. C’est à mon avis de cette manière qu’à force, je finis par me forger mon style 😉
Je m’inspire d’absolument tout ce que je vois, les sketchnotes des autres scribers, des illustrations dans un livre pour enfant, un panneau à La Poste, des livres sur le sketchnoting. Tout est bon à prendre !
3. Représenter la vie
Comme je le disais au début de cet article, un personnage apporte de la vie. Encore faut-il savoir comment le rendre vivant et réussir à lui faire exprimer ce que l’on veut. C’est une difficulté que j’ai clairement ressentie à mes débuts, lorsque mes personnages exprimaient tout sauf ce que j’avais en tête…
Prenons en exemple un de mes premiers sketchnotes. Le petit personnage ci-dessous est censé être en train de rechercher activement quelque-chose. Pas très convaincant…
Pour m’améliorer, j’ai utilisé plusieurs techniques.
Observer
Je suis souvent restée bloquée sur un dessin car je ne savais pas comment représenter un personnage. Cela paraissait clair dans ma tête mais soudain, lorsqu’il fallait placer une jambe ou un bras, j’étais perdue. Dans ce cas-là, quoi de mieux que la réalité pour servir de modèle ? L’avantage, c‘est d’avoir son propre corps à disposition, autant s’en servir ! Et s’il y a un cobaye dans les parages, c’est encore mieux 😉
S’appuyer sur la théorie
Je ne suis pas une grande adepte de la théorie, je préfère grandement pratiquer. Mais il me paraît quand même utile d’avoir les notions de bases. Cela aide à mieux visualiser le fonctionnement du corps et à le rendre compréhensible ensuite en dessin. On peut se rendre compte des choses essentielles qui permettent de faire passer la notion de mouvement : la ligne des épaules, des hanches, etc. Car la posture, en plus du visage, aide beaucoup à rendre compte d’une possible émotion.
S’entraîner
L’entraînement me paraît être la clef. Observer, se poser les bonnes questions, étudier la théorie, c’est une chose. Mais avoir un coup de crayon propre et net, une rapidité d’exécution, des habitudes de réalisation… Tout cela ne s’obtient que par la pratique ! S’entraîner, encore et toujours !
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4. La page blanche
J’ai réalisé que j’avais souvent l’angoisse de la page blanche. J’ai beau avoir appris plein de choses et m’être entraînée, je me sens souvent bloquée quand je veux commencer à dessiner. Et je me suis rendue compte que c’est parce que j’ai tendance à voir grand et à vouloir réaliser un dessin compliqué. Or, c’est toujours quand je reste simple et basique, en voulant exprimer une chose à la fois que je réussis le mieux mes dessins. Et cela vaut bien sûr pour les personnages.
La simplicité repose aussi sur le fait d’en faire moins mais de faire les bonnes choses, c’est à dire trouver le bon trait. C’est un exercice difficile. J’entends par là que l’on peut tout dessiner en peu de traits, ces quelques traits qui donnent les informations suffisantes à l’oeil pour imaginer le reste. Il en va de même pour les personnages. Si vous savez donner vie à un personnage avec le bon trait au bon endroit, alors vous saurez donner vie à tous vos personnages.
Prenons en exemple cette série télévisée italienne créée dans les années 70 par Osvaldo Cavandoli : La linea. Elle raconte les aventures d’un personnage dessiné à partir d’une ligne unique. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, le personnage est simple mais cela suffit amplement à exprimer ses émotions !
Toujours dans l’esprit de la simplicité, je vous recommande le livre de Bunpei Yorifuji : Devenir un expert du Rakugaki, ou comment « Représenter l’univers le plus vaste qui soit grâce au dessin le plus petit possible ».
La simplicité c’est aussi accepter de ne pas forcément faire un personnage qui ressemble à un corps humain. Car tout peut être humanisé. On peut parfois s’embêter avec la forme du corps, de la tête, etc. Or, si vous savez quels sont les éléments essentiels pour donner vie à un personnage, vous pourrez donner vie à tout ce que vous voulez, même un triangle 😉
Conclusion
Le monde des personnages me paraît souvent vaste et compliqué. J’y suis donc entrée doucement et par étapes. Quand bien des fois je m’y suis perdue, je me suis rappelée que la simplicité était la clef !
Dans le prochain article, je vous présenterai concrètement ce que j’ai appris sur les personnages ! Le corps, le visage, la posture, les émotions… Ca prendra peut-être plus d’un article en fait, nous verrons 😉
Bien entendu, ce que je viens de vous écrire est le fruit de ma réflexion et correspond au stade où j’en suis dans mon évolution graphique. N’hésitez pas à laisser des commentaires si vous pensez à d’autres choses qui vous aident ou qui vous posent difficulté avec les personnages, je serai ravie d’en discuter !